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Le secteur agricole de la RDC représente une perspective intéressante de développement susceptible de contribuer au
décollage économique du pays. Les potentialités agricoles de la RDC ne peuvent justifier les importations alimentaires,
qui selon la Banque centrale du Congo, représentent en moyenne une valeur annuelle de près de 2 milliards de dollars
américains, c'est-à-dire le ¼ du budget actuel (2017) du pays. Il est donc vrai, sans exagération, qu’à cette allure,
la construction du bien être commun peut être renvoyée à plus tard.
Les importations alimentaires constituent un frein au développement socio-économique de la RDC. Les grands centres urbains,
en particulier Kinshasa et Lubumbashi, ne sont plus approvisionnés en grande partie par la production intérieure, mais par
des importations, même pour des produits pour lesquels le pays a des facilités de production tels que le riz, le maïs, l’huile
de palme, la viande de porc, de bœuf, le poulet, les œufs, etc. Un pays sous-développé qui continue à dépenser le
¼ de son budget pour des importations alimentaires, ne peut pas entrer sur la voie du progrès.
Mais, en dépit du volume de ces importations, plus de 70% de la population congolaise vit encore dans l’insécurité
alimentaire. Actuellement, la RDC figure parmi les pays où la sécurité alimentaire n’est pas encore garantie.
Il est cependant vrai que certaines tentatives du redressement du secteur agricole n’ont pas permis une réduction structurelle des
importations alimentaires. Les raisons sont multiples et parmi elles nous pouvons citer : (i) l’absence de programmes et stratégies
réalistes de relance agricole (Service National, Réserves Stratégiques générales, Distribution tracteurs, Parcs agroindustriels,
Village agricole, etc.), (ii) le détournement des ressources par les hommes politiques et les mandataires de l’Etat avec des effets
directs sur l’agriculture, effets amplifiés par l’impunité et le trafic d’influence de tout bord, (iii) les politiques
d’investissements guidées par des profits à très court terme, alors que le développement agricole doit être pensé dans
la durée, (iv) les politiques économiques appliquées par les différents gouvernements qui se sont succédés depuis plusieurs
décennies ont toujours privilégié le secteur minier pourtant caractérisé par la volatilité et l’imprévisibilité des prix des
produits sur le marché international, sans oublier la corruption généralisée qui gangrène ce secteur en RDC.
Les difficultés d’approvisionnement des villes congolaises par les produits locaux sont d’abord liées au mauvais état des
infrastructures de transport. Les routes ne sont praticables que sur certains axes. Compte tenu de l’état du réseau et du
prix du carburant, le coût du transport routier est toujours élevé. Les transports fluviaux sont en plein développement,
mais les moyens restent insuffisants. L’état général de la flotte, la qualité du balisage et du dragage des fleuves et
rivières et les tracasseries administratives ralentissent considérablement les mouvements.
Actuellement, les produits alimentaires de base importés et vendus à Kinshasa et dans d’autres villes de la RDC coûtent
de plus en plus chers, mais sans que cela incite véritablement les gouvernants à mettre en place un véritable programme
basé sur la réduction des importations alimentaires. La mauvaise gouvernance serait-elle à la base de cette insouciance de
la classe politique ? La mise en place d’une véritable politique de développement agricole dans le pays s’avère indispensable.
Il n’existe pas d’obstacles insurmontables pour le développement agricole de la RDC, mais compte tenu de la
gravité des faits sur le terrain, il peut être utile de mettre sur pied un
Programme agricole d’urgence basé sur la réduction des importations alimentaires d’origine animale (viande)
en vue d’assurer la sécurité alimentaire et de lutter contre la pauvreté ainsi que le chômage. Il s’agit de construire
et de réhabiliter en moyenne 4000 fermes pilotes à Kinshasa et à Lubumbashi. Chaque ferme sera constituée d’une
porcherie et d’un poulailler.
L’objectif global visé serait de contribuer à la réalisation de la sécurité alimentaire et à l’amélioration durable et effective des
conditions de vie des populations. Spécifiquement, le Programme viserait :
2.1. Coût de financement d’un tel Programme
Le Programme peut s’articuler autour de deux axes : (i) la production de viande de porcs et la volaille par la construction de
3300 fermes et la réhabilitation de 700 fermes pilotes dans la ville de Kinshasa (2 500 fermes construites et 500 fermes
réhabilitées = 3 000 fermes au total) et de Lubumbashi (800 fermes construites et 200 réhabilitées = 800 fermes au total),
(ii) la mise en place de deux Unités de production d’aliments pour bétail et l’appui technique et financier aux Unités
existantes à Kinshasa et à Lubumbashi.
Le coût de construction et d’approvisionnement de 3 300 fermes peut être évalué à 231 000 000 USD (70 000 dollars américains/ferme x 3 300 fermes).
Le coût de réhabilitation de 700 fermes est estimé à 28 000 000 USD (40 000 USD/ferme x 700 fermes).
Le coût d’installation de deux Unités de production d’aliments pour bétail est évalué à 2 000 000 USD et l’appui
aux Unités existantes se situe à 3 000 000 USD (CID Bwamanda, etc.).
Le coût total du Programme peut s’élever à 264 000 000 USD. Les frais de suivi et de gestion ne sont pas pris en compte dans ce montant.
2.2. Résultats attendus d'un tel programme
Les résultats attendus d’un tel Programme d’urgence peuvent se résumer en quelques éléments suivants :
Les revenus bruts par année (sans revenus des Unités de production d’aliments) peuvent être estimés à 270 400 000 dollars américains. Ce qui signifie qu’à la première année, les revenus bruts obtenus sont
supérieurs aux moyens mobilisés pour les investissements (264 000 000 USD).
2.3. Stratégies de mise en oeuvre d'un tel Programme
Les stratégies de mise en œuvre d’un tel Programme peuvent se résumer en quelques points suivants : la mobilisation des
ressources financières, l’identification des fermes à réhabiliter et des sites pour des fermes à construire, la réhabilitation
et la construction des fermes, l’approvisionnement des fermes en équipements et autres, la vente des fermes construites auprès
des opérateurs économiques, ONG/Associations, particuliers, etc.
La RDC importe chaque année via ses ports de Matadi et de Boma dans la province du Kongo central pour approvisionner la
ville de Kinshasa et par le poste frontalier de Kasumbalesa (dans l’ex Katanga) pour approvisionner la Ville de Lubumbashi,
le poisson, la viande de bœuf et de porc, les poulets, le sucre, le riz, les œufs, les épices, la farine de blé, et tant
d’autres aliments. Et cela coûte annuellement à l’Etat congolais près de deux milliards de dollars américains comme annoncé
ci-haut. Ainsi, les deux villes ont été choisies à cause de leur forte dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur.
Ceci permettra de réduire la sortie de devises.
Sur les 264 000 000 USD qui peuvent être investis dans la construction et la réhabilitation de 4000 fermes, 40 000
emplois directs et 20 000 emplois indirects seront créés. Le rapport investissements engagés et emplois directs créés sera
de 6 600 USD/emploi. Ce rapport est plus meilleur que celui du Projet Parc Agroindustriel de Bukanga-Lonzo où l’Etat a investis
près de 100 000 000 USD pour 240 emplois directs créés, avec un rapport investissements engagés et emplois directs créés de 416
000 USD/emploi.
La réduction des prix de viandes sur le marché et le développement d’autres filières comme le transport, la conservation,
la transformation des viandes et le développement des cultures maraîchères à la suite de la disponibilité des fumiers de
fermes, auront un effet significatif sur la sécurité alimentaire et l’amélioration des revenus de la population.
La nécessité d’une politique agricole volontariste constitue la base essentielle pour la mise en œuvre d’un tel Programme
d’urgence. Si les préalables d’ordre politique sont réunis, il nous semble utile d’épingler quelques contraintes dans
le cadre d’un tel Programme. La question foncière doit être prise en compte pour la réussite d’un tel Programme. Une
identification sérieuse des sites devrait être réalisée en vue de réduire au maximum le conflit.
La nécessité d’une politique agricole volontariste constitue la base essentielle pour la mise en œuvre d’un tel Programme
d’urgence. Si les préalables d’ordre politique sont réunis, il nous semble utile d’épingler quelques contraintes dans le
cadre d’un tel Programme. La question foncière doit être prise en compte pour la réussite d’un tel Programme. Une identification
sérieuse des sites devrait être réalisée en vue de réduire au maximum le conflit.
Même s’il est très difficile d’évaluer le montant des ressources publiques effectivement orientées vers l’agriculture en RDC,
il est largement admis que le Gouvernement congolais n’a jamais alloué de moyens financiers significatifs au développement
agricole. Pour la mise en œuvre d’un tel Programme, un effort important de la part du Gouvernement devrait être consenti
pour financer en partie les activités du Programme.
La puissance d’un pays se mesure premièrement par sa capacité à assurer la sécurité alimentaire de sa population. Notre dépendance
vis-à-vis de l’extérieur en rapport avec les denrées alimentaires, réduit notre marge de manœuvres entant que peuple libre et
souverain. On ne peut rien dire à celui qui vous offre à manger, si ce n’est pas de s’incliner devant lui comme un écolier
devant son enseignant.
Des initiatives simples mais bien faites peuvent amorcer notre développement. Nous pouvons réduire les importations des viandes
en une année et économiser des millions de dollars qui peuvent être investis dans d’autres secteurs productifs. Il faut de la
volonté politique et de l’engagement pour y parvenir. La stabilité du cadre macroéconomique, la croissance économique et
le progrès ne se décrètent ni à la télévision moins encore à la radio, mais ils sont le fruit d’une construction sociale,
économique et politique dans l’espace et dans le temps. La RDC consomme des produits qu’il ne produit pas. De même, le pays
n’exporte que des produits de base sans valeur ajoutée. Si nous ne changeons pas de paradigme, notre économie restera toujours
fragile aux manipulations et à la conjoncture économique internationale.
Chausse J.-P., Kembola T. & Ngonde R., 2012. L'agriculture : pierre angulaire de l'économie de la RDC.
In Johannes Herderschee, Daniel Mukoko Samba et MoÑ—se Tshimenga Tshibangu (éd.), Résilience d'un Gént Africain :
Accélérer la Croissance et Promouvoir l'Emploi en République Démocratique du Congo. Volume II :
Etudes sectorielles, MEDIASPAUL, Kinshasa, p. 1-97. Ntoto M'v. & Lunze M., 2016. Les politiques agricoles et
importations alimentaires en RDC : analyse d'mpact sur les politiques mises en oeuvre. Annal. Fac. Sc. Agro., 7(1), 6 -18.
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Les importations alimentaires en République Démocratique du Congo
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