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RDC : Qui a tenté de manipuler la colère de Beni?

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Par Marie-France Cros

Des personnes présentes lors des manifestations violentes de Beni contre la Monusco affirment avoir vu des pick ups de l’armée congolaise amener des manifestants tout près du bâtiment de la mission onusienne juste avant qu’il soit incendié, jeudi dernier. De son côté, le parquet près la cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu a annoncé avoir ouvert une information judiciaire contre des groupes de la société civile soupçonnés d’avoir amené des maï maï à cette manifestation.

C’est notre consoeur Actualité.cd qui a recueilli les propos du magistrat instructeur. le colonel Nkumbu Ngoma. Selon lui, les groupes « Je suis Beni » et « Veranda Mutsanga Beni » sont soupçonnés d’avoir utilisé des miliciens maï maï « depuis le 20 novembre », lors des manifestations de protestation contre les tueries de Beni (une centaine de personnes assassinées depuis le début du mois par de présumés rebelles ADF), au cours desquelles la mairie de la ville, la base Monusco de Boikene et un poste de police de Ma Campagne ont été incendiés. Le magistrat n’a pas précisé de quels indices il disposait pour porter de telles accusations.

Celle-ci survient alors que le le chef des opérations de paix de l’Onu, Jean-Pierre Lacroix – arrivé samedi en urgence au Congo et qui s’est rendu à Beni – a assuré que les attaques contre les installations de la Monusco dans cette ville avaient été « préméditées, organisées et financées ».

Des pick ups de l’armée

Des pick ups de l’armée congolaise auraient été vus amenant des manifestants près des bâtiments de la Monusco juste avant qu’ils soient incendiés.

Rappelons que, dans la rivalité politique qui oppose le président Félix Tshisekedi à son prédecesseur, Joseph Kabila, ce dernier garde la haute main sur l’armée. Or, des rapports d’experts, par le passé, ont indiqué qu’une partie au moins des massacres attribués aux ADF ougandais avaient été perpétrés sur commande d’officiers congolais.

En septembre 2017 le GEC (Groupe d’Etude sur le Congo, rattaché à l’Université de New York) accusait ainsi le général Muhindo Akili, dit « Mundos », commandant de la région militaire du Grand Nord (soit Beni) d’être complice et co-auteur des principaux massacres dans la région, qui ont commencé en 2014 sans qu’aucune revendication ne soit jamais émise pour les expliquer. Des centaines de personnes ont en été victimes depuis lors.

Le général Mundos avait été visé, le 1 février 2018, par des sanctions de l’Onu pour « actes compromettant la paix, la stabilité ou la sécurité » du Congo. Le Journal Officiel de l’Union européenne du 10 février 2018 précisait que « Mundos a recruté et équipé d’anciens combattants de groupes armés locaux pour participer à des tueries extra-judiciaires et à des massacres (commis) par les ADF »; il a aussi « commandé et soutenu une faction d’un sous-groupe des ADF connu sous le nom d’ADF-Mwakila. Sous le commandement de Mundos, les ADF-Mwakila ont commis des attaques contre des civils. Des combattants FARDC (NDLR: l’armée congolaise) sous le commandement de Mundos ont fourni une aide additionnelle aux ADF-Mwakila durant ces opérations »

Depuis septembre 2018, le général « Mundos » est commandant de la région militaire du Sud-Kivu où, depuis mars dernier, a commencé la « guerre de Minembwe » opposant divers groupes armés congolais et étrangers.

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